
Sur le salon du deux-roues de Lyon, nous avons eu le plaisir de rencontrer la talentueuse pilote Française Moto Margaux Wanham et son tout nouveau Gextraordinaire. Sa vie, son oeuvre et sa saison 2020 ? Interview exclusive pour Fille Au Guidon menée d’une main de maître par Myriam alias Mymy Rider 😉
Question : « Bonjour Margaux. Ici tout le monde te connait mais peux-tu nous faire un petit rappel de ce qui t’a amené à devenir la championne que tu es ? »
Réponse : « Bonjour, je m’appelle Margaux Wanham. J’ai commencé la piste en 2012 et attaqué les compétitions dès 2013. Je roule sur route depuis mes 14 ans. Mon père tenait un bar de motards et m’emmenait souvent rouler derrière lui. A 14 ans, mes parents m’ont offert ma première 50 à vitesse. J’ai appris à les passer avec les copains. A 16 ans j’ai passé mon permis 125 et à 18, le permis gros cube. Je roulais très vite sur route, alors je me suis inscrite pour une journée piste et … ça m’a de suite plu. Deux ans plus tard, avec mes premières payes, je me suis payée ma première moto piste. Si on m’avait dit que je me retrouverai en mondial d’endurance quelques années plus tard, je n’y aurais jamais cru ! »

Q : « Tu n’es donc pas une pilote professionnelle? »
R : « Non. Mon métier est infirmière en psychiatrie carcérale. J’ai une vie à risque mais prudente. »
Q : « Qu’est ce qui caractérise les « pistardes »? »
R : « C’est une question de tempérament. On aime les défis. On est des fonceuses. »
Q : « Quels sont les moments forts de ta carrière ? »
R : « Pour commencer par le moins bon : une belle chute à Magny Cours en roulage lors de ma 1ere année de piste en 2012… Hémorragie interne, fracture de la rate. 6 mois après, j’étais de nouveau les fesses sur la moto ! Pour ce qui est du positif : je peux parler de notre podium avec mon équipe Special Team Ducati, lors de ma 1ere course d’endurance de 24h. Une 1ere place en supertwin en 2017 aux 24h du Mans. Une moto que je ne connaissais pas et que j’ ai découvert directement en course pour mon 1er relais, et qui nous a emmenés au bout, sur la 1ere marche du podium, j’avais des étoiles plein les yeux! Je peux aussi parler de ma victoire en Women’s Cup 2018, ou j’ai été titrée championne de France. Une année superbe passée avec les filles et une belle bagarre tout au long de la saison avec Mélodie Coignard. Après, je vis des moments forts lors de chaque course, principalement en endurance… Ce sont à chaque fois de nombreuses émotions qui nous submergent, tu ris, tu pleures, tu sais même plus quoi faire 😂. »

Q : « Quels conseils donnerais-tu à une fille qui veut se lancer en compétition piste? »
R : « Il y a de plus en plus de filles qui font de la piste et c’est bien. La Women’s Cup est un super tremplin pour commencer la compétition. Les filles peuvent plus facilement s’intégrer et apprendre pour progresser. Apprendre et après se mesurer aux garçons en championnat mixte comme le Promosport Découverte ou l’Ultimate Cup. J’ai commencé la compétition en 2013. Il n’y avait pas de Championnat féminin à l’époque. En 2015, j’étais la seule fille et j’ai fini 2 fois 3ième avec les garçons. J’ai participé à la première Women’s Cup en 2018. J’y ai bataillé avec Mélodie Coignard. J’ai été sacrée Championne De France. Je ne peux pas y retourner avant 5 ans mais, de toute façon, il n’est pas intéressant pour moi d’y participer de nouveau. Il y a beaucoup trop de différence de niveau. J’avais parfois 1 minute d’avance sur un tour sur la dernière… c’était beaucoup trop dangereux, et je ne peux pas progresser. »
Q : « Il y a t’il une belle solidarité entre filles non ? »
R : « Oui il y a une belle solidarité entre filles. Je me suis fait plein de copines avec la Women’s Cup. De bons liens. Tous les ans on s’organise un week end retrouvailles car nous sommes maintenant dispatchees dans différents championnats. Mais cette solidarité je l’ai aussi avec les garçons ! Ça se passe bien avec eux. Souvent, sur la piste, je suis leur objectif. Ils ne veulent pas finir derrière moi 😁 Mais si j’ai besoin de quoique ce soit ils sont toujours là ! Ils me chouchoutent pas mal et sont vraiment sympas avec moi. Ils savent ce que je vaux sur la piste. »
Q : « Et tes sponsors ? Comment gère tu ton image avec eux ? »
R : « Beaucoup d’autres pilotes pensent qu’en tant que femme c’est plus facile de trouver des sponsors. C’est plus facile dans le sens où l’on a plus de visibilité, surtout quand on roule bien. Mais il faut les trouver ! Je me démène beaucoup pour cela. Pour le matériel et les équipements, je suis beaucoup soutenue. Pour trouver des financements, c’est plus compliqué. J’organise d’ailleurs différents événements afin de récupérer des fonds. »
Q : « En avril, tu participeras aux 24 heures motos. Vous n’êtes que 3 féminines Françaises parmi les participants. Pourquoi il y a t’il aussi peu de femmes inscrites ? »
R : « Pour moi c’est une question de niveau. Les qualifications des 24 heures sont de plus en plus compliquées et de plus en plus difficiles. Il faut tourner en 1,42 au Mans et peu y parviennent. Je pense que nous sommes seulement quelques pilotes françaises à pouvoir le faire… Je peux citer Amandine Creusot et Mélodie Coignard (Girl Racing Team). »
Q : « Est-ce qu’il y a un pays qui dénote dans ce constat ? »
R : « Non pas vraiment… mais en Espagne, c’est plus propice pour les femmes. Question de culture. »
Q : « Quels sont tes objectifs pour 2020? »
R : « Je roulais en 1000 Promosport depuis déjà quelques années. En 2020, j’ai décidé d’aller voir autre chose ! Je vais faire l’Ultimate Cup en Hypersport. Moins de courses mais sur de magnifiques circuits et avec du beau monde. Les courses et essais se déroulent du vendredi matin au dimanche midi. Moins de courses, moins de jours à poser à chaque fois, plus facile à gérer sur le planning. J’ai toujours roulé en Promosport. J’ai envie de voir autre chose et de tester les pneus Michelin (obligatoire en ultimate). En plus, l’Ultimate Cup a une meilleure visibilité et c’est bien pour mes sponsors. Je vais aussi faire les 24 heures du Mans avec le même Team que l’année dernière, Mana’au Compétition La Ligue Contre le Cancer, sur une Suzuki qui portera le #57. Je cherche un guidon pour les 12 heures de Magny-Cours et pour le Bol d’Or. »
Q : « Une grosse saison ! »
R : « Une grosse saison oui mais tous les ans c’est la même histoire ! Je me suis aussi mise au motocross il y a un an. Je débute. C’est pas la même discipline. Pas facile mais très sympa et complémentaire pour la piste ! »

Margaux Waham #52 est une grande pilote moto. Quelques chronos pour vous montrer de quoi elle est capable :
// Lédenon: 1.27
// Carole: 1.03.5
// Magny-Cours: 1.45.07
// Nogaro: 1.33.82
// Le Mans: 1.41.9
// Le Castellet (Bol d’Or): 1.59.4
Elle a commencé la piste en 2012 sur une Daytona 675 avant de rouler pendant 3 saisons en CRB 1000 Honda. Depuis 2016, elle pilote des 1000 GSXR Suzuki. Depuis 2018, Margaux Wanhame est pilote officielle du constructeur.
On lui souhaite de tout coeur une belle saison 2020 en Ultimate Cup avec son nouveau Gextraordinaire 😉.
Gazzzz Margaux 🏍✌️❤️

Tres beau compte rendu…merci