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Ana Carrasco : piloter n’est ni masculin, ni féminin

« Piloter n’est ni masculin, ni féminin, c’est une question de technique et de savoir faire ». Ana Carrasco, Championne du Monde Superbike 300 en 2018 répond au journaliste Daniel G Lifona, du magazine Espagnol Marca. L’interview en Castillan est paru hier et nous nous sommes faites un plaisir de vous la traduire. Une belle leçon de calme et de conviction de la part de cette championne qui, effectivement, ouvre le champs des possible aux autres. Merci Ana ❤️

Question : « Pourquoi y a t’il si peu de femmes qui soient pilotes de moto ? »

Réponse : « Parce que historiquement c’était un sport d’homme, ça c’est clair. Tout est histoire de chiffres, parce qu’il y a beaucoup plus de petits garçons que de petites filles qui commencent, les garçons ont plus de possibilité d’arriver en haut. Quand j’ai commencé, nous n’étions que trois ou quatre filles en Espagne. Avec tout ce que nous allons réussir, la carrière va se féminiser, il y a beaucoup de filles qui ont envie de courir et je pense que dans quelques années, le nombre de femmes augmentera. Pour l’instant nous allons de l’avant et c’est déjà bien. Je suis sure qu’en obtenant de bons résultats je permets aux autres que ce soit un peu plus facile. »

Q : « Avec aussi peu de femmes dans la compétition, c’est presque un miracle d’être arrivée aussi loin »

R : « Chacun, au delà d’être un homme ou une femme, possède un talent, une force de travail et plein de choses en lui. Etre bon ou mauvais dépend de beaucoup de choses, aussi je crois que j’ai eu la chance d’avoir les soutiens nécessaires à chaque moment et j’ai beaucoup travailler pour y arriver. Je fait partie des rares chanceuses qui courent en Championnat du Monde. »

Q : « Préfères-tu être passagère ou pilote ? »

R : « Je ne sais pas être passagère, je préfère piloter. »

Q : La moto a t’elle un côté féminin?

R : « Ni féminin, ni masculin. La moto est un véhicule et nous sommes ceux qui le dirigeons. Piloter n’est ni féminin, ni masculin, c’est une question de technique et de savoir faire. »

Q : « Vois tu toujours des mines stupéfaites quand tu descends de la moto et que tu enlèves ton casque ? »

R : « Je crois que non. Cela fait longtemps que j’ai dépassé tout cela. Aujourd’hui je suis un des pilotes de référence dans la compétition, tout le monde sait qui je suis et je suis dans les points à chaque course. Cela ne surprend plus que nous nous battions pour gagner. Il y a quelques années, quand j’ai commencé le Championnat du Monde, ça pouvait paraitre étrange, mais maintenant c’est normal pour tout le monde. »

Q : « Et sur la route, c’est la même chose? »

R : « Je ne vais pas sur la route en moto. »

Q : « Et pourquoi pas ? »

R : « Parce que j’ai une autre approche de la moto. Je monte sur une moto pour faire la course et aller vite, la route n’est pas faite pour cela. Le mieux pour ceux qui veulent faire la course, c’est d’aller sur un circuit et ainsi de ne pas prendre de risques inutiles. »

Q : « La voiture est elle le grand ennemi de la moto ? »

R : « Sur la route oui. Je trouve que rouler en moto sur la route est très dangereux, parce que tu dépends de plein de choses, de plein de gens et que les routes ne sont pas faites pour amortir les chutes. C’est important qu’on soit tous conscients, autant les motards que les automobilistes, du fait que la moto est la plus fragile. En cas de problème, c’est toujours la moto qui sera perdante. »

Q : « Et que penses tu des glissières de sécurité? »

R : « C’est l’un des grands problèmes du motard. Petit à petit les choses iront en s’arrangeant mais la route n’est pas faite pour tomber : il y a des glissières, des bordures, des arbres et énormément d’autres obstacles. En moto, le choc tue. »

Q : « Quelle a été ta plus grande peur ? »

R : « En compétition, on n’a pas peur parce que tomber fait partie de l’apprentissage. On cherche à trouver la limite et on tombe souvent. Le pire ce sont les blessures. J’ai une fracture au coude, une autre à l’épaule et aussi une à la clavicule suite à mes chutes. Les blessures sont la partie laide du sport. Et pour la route, je n’y vais pas en moto. »

Q : « Même pas en ville ? »

R : « Ni sur la route, ni en ville. Je suppose que c’est une question d’habitude. J’utilise la moto seulement en compétition, sur la route je roule en voiture. Je voyage beaucoup en train, en avion, je n’arrête pas de bouger mais la moto, je n’ai pas l’habitude de l’utiliser parce que je considère cela dangereux. Tu dépends de beaucoup de gens, de beaucoup de situations et, en tant que sportif, tu ne peux pas prendre le risque qu’il se passe quelque chose. »

Q : « Penses-tu que les femmes conduisent moins bien que les hommes ou qu’elles sont plus prudentes ? »

R : « Je ne crois pas que les femmes conduisent moins bien. Etre prudent sur la route est une vertu, pas un défaut. Les hommes paraissent plus courageux mais ont plus d’accidents et beaucoup plus de contretemps. Etre prudent est le mieux que tu puisses faire pour conduire en sécurité et qu’il ne t’arrive rien. »

Q : « Quel est le meilleur âge pour commencer la moto? »

R : « L’âge minimum du permis est 16 ans et c’est parfait pour commencer à rouler en moto. Si tu passes le permis jeune et que tu commences par de petites motos, tu peux prendre de l’expérience et ensuite changer de modèle. Une des erreurs que commette la plupart des gens c’est de passer le permis quand ils sont majeurs et commencer sur une grosse moto. La base pour conduire en sécurité c’est de très bien maitriser sa moto et ça se fait petit à petit en commençant d’abord par de petites motos. »

Q : « Mais toi, tu as commencé bien avant cela non ? »

R : « J’ai commencé à 3 ans. Quelque soit le sport de compétition, avec l’objectif d’aller au niveau mondial, il faut commencer très jeune, passer par de nombreuses catégories, et prendre un maximum d’expérience. La moto est comme tous les autres sports, les jeunes garçons commencent le foot, le basket, ou le tennis à trois ou quatre ans. Pour les motos, c’est pareil. Si tu veux apprendre, engranger de l’expérience et être prêt à courir en Championnat du Monde à 16 ans, tu dois commencer jeune et apprendre tout ce qui est possible avant. »

Q : « Que dirai-tu à une personne de 30 ou 40 ans, avec peu d’expérience, qui veux se mettre au deux-roues ? »

R : « Qu’il faut être prudent. Avoir une grosse moto, c’est super mais il vaut toujours mieux commencer avec une 600 pendant deux ans pour acquérir de l’expérience que commencer directement avec une 1000. Il faut avoir conscience que ces motos sont très puissantes, qu’elles vont vite, et que quand tu démarres de zéro, c’est normal qu’au début ce soit dur. C’est plus facile de réussir avec plus petit pour apprendre et n’avoir aucun soucis sur la route. »

Pour lire l’interview originale : https://www.marca.com/motor/modelos-coches/2020/01/27/5e2ebe3b268e3e57538b45b7.html

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Championnat du Monde Superbike 300: Ana Carrasco 3ième à Jerez

Ana Carasco, la championne du monde SBK 300 en titre, a fait ce week-end deux superbes courses à Jerez. La pilote moto Espagnole qui courre sur Kawasaki a fini 3ième des 2 manches de la 6ième étape du championnat SuperBike.

ana carasco pilote moto femme 3ieme a jerez en superbike 300

Le spectacle a été grandiose sur les deux courses du Championnat du Monde Superbike 300 qui se sont déroulées ce week-end. Ana Carrasco, la pilote moto Espagnole, qui peinait depuis le début de la compétition (7ième au général) est revenue en force. Ne lâchant rien, prenant tous les risques, elle a durement bataillé au guidon de sa Kawasaki pour retrouver les marches du podium chez elle, à Jerez.

Deux courses, deux podiums, pour la seule femme engagée dans cette compétition mondiale.

Un sourire qui vaut tous les discours :

ana carasco 3ieme au Superbike 300 de Jerez

Ce sont deux de ses compatriotes, eux aussi en Kawasaki, qui la devancent : Manuel Gonzales et Marc Garcia.

Bravo Ana 👏👏👏👏👏